Ama fata ! Accueille ta destinée…
Ami
lecteur,
Je voudrais aborder l’une des questions fondamentales de l’Ecole
du Portique qui laisse une trace durable encore visible dans le sens de
l’adjectif « stoïque » (Académie Française, éd. 1935 : 1878 adj. des deux genres.
Qui tient de l'insensibilité et de la fermeté que s'imposaient les stoïciens.
Vertu stoïque. Moeurs stoïques. Visage stoïque. Coeur, âme, courage stoïque.
Maxime stoïque.)
La fermeté d’âme enseignée par l’école stoïcienne a
souvent été considérée comme une soumission volontaire à la fatalité, un
fatalisme voire une attitude d’indifférence hautaine. Je t’invite, lecteur, à te
pencher plus en détail sur ce point.
Partons du concret !
Nous
savons déjà que le stoïcisme s’inscrit dans l’action, il écarte donc
naturellement l’idée que nous sommes soumis à une destinée.
Nous sommes
des organismes vivants soumis aux lois du milieu dans lequel nous vivons. Nous
pouvons agir sur certains paramètres (ce sont nos choix) mais pas sur d’autres
(ce sont les indifférents). Notre énergie peut-être portée sur ces facteurs que
l’on peut modifier. Nous exerçons alors notre choix. Comment agir face à ce qui
nous échappe… Par exemple, nous sommes mortels, nous appartenons à une espèce
animale… Toute révolte est inutile et stérile, ce serait peine et temps perdu de
vouloir échapper à notre destinée mortelle.
Le stoïcisme nous invite à
nous réjouir de notre destinée « aime ton destin » (ama fata !). Je suis
mortel, hé bien, je me réjouis d’avoir cette vie où je peux m’accomplir…
j’accueillerai la mort comme j’accueille avec joie ma naissance. Avant la vie,
après la vie ? Qu’importe ces questions qui échappent à notre action… je tiens
ma vie et je peux agir pour le bien dans une gratuité superbe. Je suis femme, je
suis homme… Hé bien, je me réjouis de mon sexe et m’efforce de considérer chaque
différence comme une richesse dans l’équité.
Une épreuve surgit dans mon
existence… je peux la subir et me lamenter sur mon sort… Mais je peux prendre
conscience que cette épreuve est une chance de me dépasser.
Je comprends
que « cet accueil de notre destinée » peut apparaître comme un fatalisme et un
pessimisme radical. Mais comment être pessimiste lorsque l’on agit pour
l’accomplissement de soi ? Sans égoïsme, car celui qui est accompli agit pour
les autres…
Tu peux commencer à discerner, cher lecteur, ce que signifie
l’ancienne devise des stoïciens latins : abstine et sustine… Cela ne
signifie nullement vis dans l’abstinence en supportant tes malheurs ! C’est
abstiens-toi des vices et de la soumission… tu n’es pas soumis à un destin mais
tu as une nature que tu acceptes. Prends en main cette destinée, là où tu peux
agir avec les vertus.
Le Portique enseigne que chaque être humain est
libre même dans les alea de la destinée. Il nous appartient d’être des humains
libres dans la plénitude de notre nature.
C’est cette liberté acceptée
qui est exprimée dans des expressions telles que : « Tu peux me tordre le bras,
tu ne peux tordre ma pensée ».
Résumons-nous !
Le sage doit exercer les choix avec la lumière de la
raison, de la connaissance, dans le respect des vertus. Il accueille le reste
sans disperser son énergie à ce qu’il ne peut pas modifier. N’est-ce pas
accomplir pleinement notre nature humaine ?
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Bonjour ,
RépondreSupprimerJe trouve ce site magnifique et assez joyeux ! Déjà , on est mis au parfum : la connaissance, l'acceptation, les "vertus" : tout y est presque. Comment ne pas avoir envie d'approfondir cette philosophie du concret, de la vie ? On en a fait des tonnes sur les religions, on en fait encore, mais on a oublié le stoïcisme dans la vie pratique, au quotidien, qui pourrait nous aider dans nos épreuves, notre société, notre évolution... On pourrait pourtant en tirer des leçons magnifiques, n'est-ce-pas Monsieur Diogène, si mécompris, ? Merci pour cette entrée en matière vivante.
Merci pour votre passage et pour la peine d'avoir posé ce petit commentaire :)
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